Si vous avez déjà joué à Skyrim, vous avez forcément rencontré des draugr, créatures mortes-vivantes qui sévissent dans les tombeaux. Loin de sortir de l’imagination des scripteurs du jeu, le draugr tire ses origines tout droit des mythes vikings. Il ne s’agit donc pas d’un monstre créé au petit bonheur la chance, mais d’un véritable élément culturel qui vient renforcer le lore du jeu, ancré dans un monde nordique. Alors, qu’est-ce que réellement un draugr?
Le draugr, un mort-vivant parmi les autres
Qu’il s’agisse de vampires, de zombies ou de spectres, les morts-vivants qui peuplent notre imagination sont nombreux. On aborde d’ailleurs la question dans cet article sur les zombies, publié chez Le Geek Moderne.
Comme tous les morts-vivants, le draugr est, à l’origine, un être humain. Il a été enterré après sa mort, puis il est revenu à la vie. Il sort à présent de sa tombe pour s’en prendre aux vivants.
Caractéristiques du draugr
Le draugr est, pour dire les choses simplement, un être humain dont la volonté était trop forte pour accepter la mort. On en trouve notamment mention dans les sagas islandaises, ces récits entièrement ou partiellement fictifs qui relatent les aventures d’un héros.
Par exemple, un draugr est présent dans la Eyrbyggja saga, datée du XIIIe siècle. Elle a été traduite en français sous le titre de Saga de Snorri le Godi par Régis Boyer (1973), mais nous nous sommes ici servi de la traduction anglaise par William Morris et Eirikr Magnusson (1892), disponible en libre accès. Les chapitres 30-33 relatent le décès d’un seigneur local, nommé Thorolf. Après sa mort, il continua à marcher parmi les vivants. Il tua un berger qui avait emmené son troupeau près de son tombeau, et s’en prit à d’autres malheureux.
Toutefois, le draugr n’a pas pour seul objectif d’assassiner les vivants. En cela, il diffère des vampires et des zombies qui ont besoin de sang frais (ou de chair fraîche, selon les goûts) pour subsister. En effet, Thorolf venait rendre visite à sa femme après son décès. Celle-ci, ébranlée, finit par en perdre la vie.
Comment se débarrasser d’un draugr
Dans la Saga de Snorri le Godi, les hommes du coin décident d’organiser des secondes funérailles à Thorolf. Ils demandent à ses fils de l’exhumer et de l’amener à un endroit choisi au préalable, bien plus éloigné de leur lieu de vie. Ces derniers refusent… Mais les anciens peuples étaient très stricts en ce qui concernait les lois liant les morts comme les vivants. Une autre personne prit en charge le déplacement.
On ouvrit la tombe de Thorolf. A l’intérieur, le défunt ne montrait aucun signe de décomposition. Outre sa pâleur excessive, rien n’indiquait qu’il fut mort. Les hommes le sortirent de sa tombe pour le faire tracter par deux bœufs jusqu’à sa nouvelle sépulture.
Sur la route, un des animaux fut pris de panique, brisa ses liens et s’enfuit. Le corps de Thorolf était devenu trop lourd pour être transporté, les hommes décidèrent donc de l’enterrer un peu plus loin, sur une colline. Puis, ils érigèrent un mur tout autour, si haut qu’il n’était possible de le franchir qu’en volant, et on n’entendit plus parler du draugr Thorolf.
Le draugr dans le jeu vidéo
Dans Skyrim, vous n’êtes pas obligé d’isoler les draugr avec des murs en espérant qu’ils ne les franchissent pas pour vous en débarrasser. Tous les éléments de votre arsenal sont efficaces: arcs ou lames, sorts ou cris de dragons. Toutefois, les draugr sont particulièrement vulnérables au feu.
Les draugr sont aussi présents dans quelques autres jeux. Ils font ainsi partie intégrante du lore de God of War IV, paru début 2018. Il s’agit de guerriers morts-vivants qui ont perdu la vie au combat mais, aveuglés par leur colère et leur désir de vengeance, ont refusé l’appel des Valkyries pour rejoindre le Valhalla. Le lien avec les mythologies nordiques est donc établi de façon très claire et très directe.
C’est tout pour le draugr. J’espère que l’article vous a plu, et que vous ne verrez plus ces créatures du même oeil. Pour en découvrir plus sur la culture et le folklore dans le jeu vidéo, n’hésitez pas à visiter les autres article de la série « Le Monstre du Dimanche » !